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Otto Dix est issu d'un milieu ouvrier (son père, Franz Dix, travaillait dans une mine de fer), mais reçoit une éducation artistique par sa mère, Pauline Louise Dix, qui s'intéressait à la musique et à la peinture. Après avoir suivi les cours du professeur de dessin Ernst Schunke pendant sa jeunesse, Otto Dix prend des cours à Gera de 1905 à 1909 auprès de Carl Senff, qui doute de l'avenir de son élève en tant que peintre.
Quand la guerre éclate, il est appelé sous les drapeaux lors de la mobilisation générale et est envoyé dans un camp d'entraînement. Son entraînement dura « étonnamment longtemps » — ce qui lui permet de poursuivre ses activités artistiques —, Otto Dix n'est envoyé sur le front à l'automne 1915 que parce qu'il se porte volontaire. L'année suivante, il reçoit une formation de mitrailleur et participe à de nombreuses campagnes en Champagne, dans la Somme ou en Russie dont il sortira vivant, malgré plusieurs blessures. Il a alors en tête des images d'horreur qu'il essaie d'oublier en peignant, comme en témoigne Les Joueurs de skat en 1920.
Son œuvre la plus aboutie témoignant des expériences traumatisantes vécues lors de la guerre est le portefeuille de cinquante eaux-fortes, Der Krieg,, publié en 1924. Il parlera ainsi de cette expérience :
« Le fait est que, étant jeune, on ne se rend absolument pas compte que l'on est, malgré tout, profondément marqué. Car pendant des années, pendant 10 ans au moins, j'ai rêvé que je devais ramper à travers des maisons en ruines (sérieusement), à travers des couloirs, où je pouvais à peine passer. Les ruines étaient toujours présentes dans mes rêves… »
De 1919 à 1922, il étudie également à Düsseldorf, avant d'adhérer au mouvement réaliste et satirique Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité). Il enseigne ensuite les beaux-arts à Dresde à partir de 1927.
En 1923, il épouse Martha Lindner dont il réalisera plus de 70 portraits au cours de leur vie commune. Ensemble, ils auront trois enfants : Nelly(de) (1923-1955), Ursus (1927–2002) et Jan (1928–2019).
En juin-juillet 1929, il prend part à l'Exposition des peintres-graveurs allemands contemporains organisée à Paris à la Bibliothèque nationale et y présente les eaux-fortesArtistes, Portrait de l'artiste et Portrait d'homme et la lithographiePortrait de femme.
Sous le régime nazi
Après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Otto Dix, alors enseignant à l'université, est l'un des premiers professeurs d'art à être renvoyé, persécuté parce qu'il est considéré comme « bolchévique de la culture » par les nationaux-socialistes. La même année, menacé de prison et de camp d'internement, il commence une « émigration intérieure » dans le sud-ouest de l'Allemagne (à Randegg(de) en 1933, puis à Hemmenhofen en 1936), près du lac de Constance, où son épouse Martha a fait construire une maison et un atelier, et où il se met à peindre des paysages.
En 1937, ses œuvres sont déclarées « dégénérées » par les nazis. Quelque 170 d'entre elles sont retirées des musées et une partie est brûlée ; d'autres sont exposées lors de l'exposition nazie « Art dégénéré » (Entartete Kunst). À titre d'exemple, il peint la toile intitulée La Tranchée en 1923 ; déclarée « art dégénéré », elle a probablement été détruite par les nazis. Il compose également son triptyque La Guerre entre 1928 et 1931. Le but de cette œuvre n'est pas de provoquer angoisse ou panique, mais de « simplement transmettre la connaissance du caractère redoutable de la guerre, pour éveiller les forces destinées à la détourner ». Ce triptyque, vu comme une prolongation du tableau précédent, est présenté une seule fois dans une exposition à Berlin en 1938 ; il est ensuite interdit par les autorités nazies.
En 1938, Otto Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Durant ces temps difficiles, il peint une représentation de saint Christophe dans le style des grands maîtres à la demande de la brasserie de Köstritz.
Il participe par obligation à la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental en 1944-1945. Il est fait prisonnier en Alsace par les Français.
De l'après-guerre jusqu'à sa mort
À la fin de la guerre et jusqu'à sa mort, Dix s'éloigne des nouveaux courants artistiques allemands. Il ne s'identifie ni au réalisme social en vogue dans la République démocratique allemande, ni à l'art d'après-guerre dans la République fédérale d'Allemagne. Il reçoit pourtant de hautes distinctions et des titres honorifiques de ces deux États.
Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 4, éditions Gründ, , 13440 p. (ISBN2-7000-3014-1), p. 610-612
Otto Dix (trad. Catherine Teissier), Otto Dix. Lettres et dessins, Cabris, France, Éditions Sulliver, , 288 p. (ISBN978-2-35122-067-2)
Serge Sabarsky (trad. Denis-Armand Canal), Otto Dix, Paris, Herscher, 1992, 263 p.
Autres
(fr) Otto Dix. Dessins d'une guerre à l'autre, catalogue d'exposition au Centre Georges-Pompidou, Paris, Gallimard, 2003, 157 p. (ISBN2844261671)
(fr) Otto Dix, Metropolis, catalogue d'exposition Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence
(fr) Eva Karscher, Otto Dix (1891-1969) « Je deviendrai célèbre ou je serai honni », Cologne, Taschen, 1992 (rééd.), 216 p.
(fr) Fauves et expressionnistes : de Van Dongen à Otto Dix, Hazan, Paris ; musée Marmottan-Monet, 2009 (ISBN978-2-7541-0415-9), catalogue de l'exposition organisée autour des tableaux de la collection du musée Von der Heydt, Wuppertal (Allemagne)